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Incident de Mainila

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Localisation de Mainila (ru) sur l'isthme de Carélie (avec les frontières antérieures à la signature du traité de paix de Moscou).

L’incident de Mainila (en finnois : Mainilan laukaukset) fut un incident militaire qui se déroula le . Ce jour-là, l'Armée rouge bombarda le village russe de Mainila (ru) (situé près de Beloostrov), déclara que l’origine du bombardement venait de la Finlande, la frontière étant toute proche, et annonça des pertes humaines. Grâce à cette opération sous fausse bannière, l'Union soviétique gagna un grand élan de propagande et un casus belli pour le lancement de la guerre d'Hiver quatre jours plus tard[1],[2].

L'Union soviétique avait signé des traités internationaux de non-agression avec la Finlande : le traité de Tartu en 1920, le pacte de non-agression signé en 1932 qui fut renouvelé en 1934, et la Charte de la Société des Nations[2]. Le gouvernement soviétique tentait d'adhérer à une tradition de légalisme, et un casus belli était nécessaire pour démarrer la guerre. Plus tôt dans la même année, l'Allemagne nazie avait mis en scène l'incident de Gleiwitz, relativement similaire, pour se créer une excuse pour se retirer de son pacte de non-agression avec la Pologne[1]. En outre, les jeux de guerre soviétiques de et 1939 s'appuyaient sur un scénario où des incidents frontaliers, dans le village de Mainila, auraient déclenché la guerre[3].

Sept tirs d’artillerie furent tirés, et leurs points de chute furent détectés par trois postes d'observation finlandais. Ces témoins estimèrent que les obus explosèrent à environ 800 mètres à l'intérieur du territoire soviétique[4]. La Finlande proposa une enquête neutre sur l'incident, mais l'Union soviétique refusa et rompit ses relations diplomatiques avec la Finlande le [5].

Des documents des archives privées du cadre du Parti communiste de l'Union soviétique Andreï Jdanov suggèrent fortement que la totalité de l'incident fut orchestrée afin de dépeindre la Finlande comme un agresseur et de lancer une offensive[6]. Les Finlandais nièrent toute responsabilité dans les attaques et identifièrent l'artillerie soviétique comme responsable. En effet, les journaux des batteries d'artillerie finlandaises situées à proximité de la frontière montrèrent que Mainila était hors de portée de chacune d'entre elles, car elles avaient été mis en retrait auparavant pour prévenir de tels incidents[7].

Dans les jours suivant le bombardement, la machine de propagande soviétique généra beaucoup de bruit au sujet d'autres actes fictifs d'agression finlandaise. L'Union soviétique dénonça alors le pacte de non-agression avec la Finlande, et le , lança les premières offensives de la guerre d'Hiver.

Enquêtes et archives

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Les Finlandais menèrent immédiatement une enquête, qui conclut qu’aucune pièce d'artillerie ou de mortiers finlandais ne pouvaient avoir atteint le village de Mainila. Le maréchal Mannerheim avait ordonné à tous les canons finlandais de se retirer vers l’arrière pour se mettre hors de portée[4]. En outre, les gardes-frontières finlandais déclarèrent qu'ils avaient entendu le bruit de tirs d'artillerie du côté soviétique de la frontière[2].

L'historien russe Pavel Aptekar analysa des documents militaires soviétiques déclassifiées et constata que les rapports quotidiens des troupes situées dans la région ne signalaient pas de pertes humaines pendant la période en question, le conduisant à conclure que le bombardement des troupes soviétiques avait été une mise en scène[8].

Des années après l'incident, le chef de l'Union soviétique Nikita Khrouchtchev écrivit que les bombardements de Mainila avaient été ordonnés par le maréchal de l'artillerie Grigori Koulik[9]. En 1994, le président de la Russie, Boris Eltsine, dénonça la guerre d'Hiver, reconnaissant qu'il s'agissait d'une guerre d'agression[10].

Références

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  1. a et b Edwards 2006, p. 105.
  2. a b et c (fi) Martti Turtola, « Kansainvälinen kehitys Euroopassa ja Suomessa 1930-luvulla », dans Jari Leskinen (dir.) et Antti Juutilainen (dir.), Talvisodan pikkujättiläinen, Werner Söderström Osakeyhtiö, (ISBN 9789510235362), p. 44–45.
  3. (fi) Jari Leskinen, Vaiettu Suomen silta, Helsinki, Hakapaino Oy, , 406-407 p. (ISBN 951-710-050-7), « Suomenlahden sulku ja Neuvostoliitto ».
  4. a et b Trotter 2002, p. 21.
  5. (fi) Esko Heikkonen et Matti Ojakoski, Muutosten maailma 4, WSOY, (ISBN 978-951-0-33919-0), p. 125.
  6. (fi) Ohto Manninen, Molotovin cocktail-Hitlerin sateenvarjo, .
  7. (fi) Jari Leskinen et Antti Juutilainen (dir.), Talvisodan pikkujättiläinen, WSOY, , 976 p. (ISBN 978-951-0-23536-2).
  8. Pavel Aptekar dans l'article Casus Belli utilise les rapports de pertes comme sources (Там же Оп.10 Д.1095 Л.37,42,106.130,142) (ru).
  9. Trotter 2002, p. 22.
  10. Lors d'une conférence de presse avec le président finnois Martti Ahtisaari au Kremlin le  ; « Many Karelias », sur Virtual Finland, (version du sur Internet Archive), à partir de l'original (fi).

Articles connexes

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Bibliographie

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  • (en) Robert Edwards, White Death : Russia's War on Finland 1939–40, Londres, Weidenfeld & Nicolson, , 319 p. (ISBN 978-0-297-84630-7).
  • (fi) Jari Leskinen (dir.) et Antti Juutilainen (dir.), Talvisodan pikkujättiläinen, Werner Söderström Osakeyhtiö, , 1st éd., 976 p. (ISBN 951-0-23536-9).
  • (en) William R. Trotter, The Winter war : The Russo–Finnish War of 1939–40, New York (Grande Bretagne : Londres), Workman Publishing Company (Grande Bretagne : Aurum Press), 2002, 2006, 5e éd. (1re éd. 1991), 283 p. (ISBN 978-1-85410-881-4 et 1-85410-881-6)
    Première édition aux États-Unis sous le titre A Frozen Hell: The Russo–Finnish Winter War of 1939–40.

Liens externes

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